Gustave Eiffel (1832-1923)
Né à Dijon en 1832, Gustave Eiffel intègre l’École centrale des arts et manufactures en spécialité chimie et se tourne ensuite vers la métallurgie. En sortie d’école, il se met au service de Charles Nepveu, ingénieur-constructeur. Par la suite, il présente avec Nepveu une offre pour la construction d’un grand pont ferroviaire sur la Garonne à Bordeaux, dont il travaille à la réalisation de 1858 à 1860. Il devient alors ingénieur de la Compagnie des matériels de chemins de fer, dirigée par le belge Pauwels. Il accomplit au cours de cette période plusieurs travaux de ponts pour les compagnies ferroviaires. Quittant la société en 1864, Eiffel travaille pour son compte et acquiert en 1866 des ateliers à Levallois-Perret. Il devient un entrepreneur et constructeur majeur de la deuxième moitié du XXe siècle.
Gustave Eiffel, constructeur (1866-1868)
Encore à son compte, Eiffel entreprend des réalisations de charpentes d’églises ou de synagogues (rue des Tournelles, Notre-Dame-des-Champs), mais également les viaducs à Rouzat et à Neuvial sur la Sioule, pour la ligne Commentry-Granat.
Gustave Eiffel et compagnies (1868-1890)
En 1868, il s’associe avec Théophile Seyrig, ancien élève de l’École centrale, qui lui apporte une compétence technique et un capital conséquent. Le viaduc de Douro à Porto est une de leurs grandes réalisations. En 1869, ils mènent à bien une série de ponts pour les Chemins de fer du Midi sur la ligne de Brive à Tulle. La société gagne en renommée et travaille à l’étranger. Elle prospecte notamment en Amérique du Sud, entreprend des constructions au Pérou, mais interrompt ses activités sur ce continent au décès de l’associé sur place en 1873. Les projets internationaux s’enchaînent : la gare de l’Ouest à Pest en Hongrie (1875-1877), et surtout le viaduc du chemin de fer à Porto en 1875, qui leur offre une réputation et une réussite financière croissante. En 1879, on confie à Eiffel l’exécution d’un viaduc sur la ligne Marvejols-Neussargues dans le Cantal : le fameux viaduc de Garabit. Les méthodes de calcul et d’exécution de ce viaduc seront identiques à celles pour la construction de la tour Eiffel.
La même année, des différends avec Seyrig mènent départ de cet associé, remplacé par Maurice Koechlin.
L’entreprise réalise également des bénéfices avec la mise au point d’un système de « ponts portatifs », vendus en pièces détachées. C’est au cours de cette période qu’il construit la tour Eiffel (1887-1889), après une convention passée avec la Ville de Paris en 1887.
Compagnie des Etablissements Eiffel. Entreprises générales en constructions mécaniques (1890-1893)
En 1890 les statuts de la nouvelle société anonyme précisent le fonds industriel en apport, comprenant « la clientèle industrielle et de commerce, la marque, les relations, agences et représentations […] les procédés spéciaux et les brevets d’invention ». La société prend le nom de « Compagnie des établissements Eiffel. Entreprises générales en constructions métalliques ». Il est mentionné dans l’acte que, si Eiffel devait cesser de faire partie du conseil d’administration, la dénomination sociale serait la suivante : « Compagnies d’entreprises générales et de constructions métalliques (Anciens établissements Eiffel). ». Le siège social se situe au 35 rue Pasquier à Paris.
Société de construction Levallois-Perret (1893-1937)
Affecté par le scandale de Panama dans lequel il est inculpé en 1892, Eiffel se retire des chantiers de construction et souhaite que l’entreprise ne porte plus son nom. Elle devient alors la Société de construction Levallois-Perret (siège : 42 rue Fouquet, Levallois-Perret). Le comité de direction est à présent composé de Maurice Koechlin, Charles Loiseau et Jules Puig. Les chantiers de la nouvelle société se portent d’abord sur les grands ouvrages d’art pour les routes et réseaux de chemin de fer, ainsi que quelques ponts parisiens (pont d’Austerlitz). Elle se développe rapidement dans l’Empire colonial avec des agences à Saïgon, Madagascar, mais aussi aux Antilles et à la Réunion. L’Indochine reste le territoire le plus important. Dans ces pays, l’agence recherche en premier lieu la clientèle des pouvoirs publics pour les grands ouvrages, ainsi que celle des grandes exploitations agricoles et des entreprises industrielles. Dans ce contexte, la fabrication et la vente des ponts démontables tient une place essentielle dans l’activité de la Société de Levallois-Perret, permettant un travail permanent aux ateliers et un volume d’affaires constant. L’ouvrage est expédié au client en pièces détachées avec une notice de montage. La Première Guerre mondiale occasionne un ralentissement de l’activité, liée à l’augmentation du prix du fret et du fer, que ne favorise pas l’après-guerre avec la crise de 1929.
Anciens établissements Eiffel (1937-1960)
La crise financière entraîne une restructuration du capital, et, partant, une modification du nom (siège social établi au 14 rue Gustave Eiffel, Levallois-Perret). Malgré un redémarrage, la production chute dès 1940, les communications avec l’Indochine devenant impossibles. Pour pallier à ces difficultés, la société acquiert comme filiale Dumont-Pérouse, puis la Société de Construction Paris-Argenteuil en 1950 (propriétaire d’une usine au Blanc-Mesnil). Parallèlement, les techniques de la construction, par l’emploi du béton, ont évincé le métal de la construction des grands ouvrages d’art. Le constructeur métallique n’est plus le principal maître d’œuvre. Dans les années 1950, des travaux sont entrepris en Egypte, au Brésil, au Vietnam ou encore à Madagascar. Les Établissements réalisent également des pavillons pour l’exposition internationale de Bruxelles en 1958.
Deux présidents notables du conseil d’administration se succèdent sur cette période : Gabriel Boreau de 1949 à 1955, puis Paul Lorin. En 1957 les Anciens Etablissements Eiffel quittent les ateliers de Levallois-Perret : l’usine de fabrication est installée au Blanc - Mesnil tandis que le siège social est transféré au 23 rue Dumont d’Urville à Paris.
À la fin des années 1950, des restructurations se révèlent indispensables face aux difficultés financières. Les échanges débutent concernant des fusions et acquisitions. De ces négociations résulte la création d’une nouvelle filiale en 1958, la Société Eiffel d’entreprise générale (SEEG), à qui est transférée l’activité génie civil en France et dans certains territoires. Elle construit notamment des usines Michelin à Bourges, Air Liquide à Blanc-Mesnil, ainsi que des charpentes en Guinée. Pierre Vallée en est le nouveau directeur. Désormais spécialisée dans la construction des pylônes, hangars, ateliers et ponts roulants, la société cherche à élargir son activité à la construction de bâtiments publics et à usage industriel.
Établissements Eiffel (1960-1965)
La maison mère Eiffel est rebaptisée « Établissements Eiffel » en 1960.
La même année, une filiale commune avec l’entreprise Baudet Donon Roussel est créée pour mettre en commun les activités de construction métallique en France des deux sociétés mères. La filiale est baptisée Eiffel-Baudet Donon Roussel, Constructions métalliques et a son siège au 139-141 rue de Saussure à Paris. Elle quittera le giron des Établissements Eiffel quand elle fusionne en 1964 avec les Établissements Daydé pour devenir la Compagnie des travaux métalliques, ancêtre de l’actuelle entreprise Eiffage Métal.
La SEEG fusionne en 1964 avec la Société parisienne d’études et de construction et la Société africaine de construction, puis avec la maison mère elle-même « Établissements Eiffel ». L’entreprise issue de ces fusions prend le nom de Société Eiffel en 1965. Cette dernière est finalement mise en liquidation en 1975.